• Il était une fois un pigeon ordinaire et sans prétention. Doté de ses deux magnifiques ailes, il volait avec bonheur et insouciance, se réjouissant de cette capacité ! En effet qui n’a pas rêvé un jour de voler ?

    Sans contrainte d’aucune sorte, il se rendait d’un point A à un point B avec tellement de facilité. Sa vie de pigeon était parfaitement réglée. Depuis sa sortie du nid et son premier envol, il n’a eu de cesse de se construire son propre nid pour y pondre à son tour quelques œufs afin de donner la vie à d’autres pigeons qui comme lui, répéteront inlassablement le cycle de la vie des pigeons.

    Et puis un jour, alors qu’il pensait probablement à quelque chose de très important, notre pigeon a perdu le sens. Sa course l’a mené droit dans une baie vitrée. Malheureusement pour lui, elle était fermée. Il s’est assommé au point d’en mourir. Le choc a été violent produisant un bruit tel que je me suis demandé qui tapait si fort dans la vitre.

    Là, à mes pieds, j’ai découvert l’oiseau. Son petit corps tressaillait encore et son bec saignait. Je fus d’abord envahie par la colère, me disant mais qu’est-ce que tu fais mon pauvre ? Est-ce que tu ne serais pas un petit peu débile ? Et puis déjà il ne bougeait plus. J’ai compris qu’il venait juste de mourir, là sous mes yeux, me laissant totalement impuissante.

    C’est alors que la tristesse a pris la place de la colère et je me suis mise à pleurer sur le sort de ce malheureux pigeon. Peut-être laissait-il derrière lui des oisillons, becs grands ouverts, attendant sans patience le retour de leur mère nourricière ? Peut-être laissait-il des œufs désormais soumis au froid et aux prédateurs en tout genre, attendant un moment de faiblesse du père ? Ce pauvre pigeon était peut-être un messager.

    Je me suis penchée pour le ramasser, je ne pouvais pas le laisser ici. Il était encore tout chaud et ses plumes si douces. Et ce que je souhaitais est arrivé. Ce pigeon était bagué à la patte droite et portait un message à la patte gauche ! Déjà j’imaginais toutes sortes de scénarii. Un amoureux romantique faisant une déclaration à sa prétendante ou encore des codes secrets devant transiter par des voies insoupçonnables. Le suspens avait assez duré. J’ai redéposé l’oiseau au sol et je suis entrée pour chercher de quoi décrocher le message. De retour sur les lieux de l’accident, le pigeon avait disparu ! Incroyable, je le pensais mort mais il était simplement évanoui. Il était reparti sans m’attendre, sans le moindre intérêt pour mes larmes, sans me remercier de l’avoir consolé, sans se soucier de ma curiosité. Lui aussi m’avait prise pour un pigeon !

    Bon vol L’Oiseau !

     

    LE PIGEON


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  •  JÉZABEL

     

    ENCHANTÉE JE SUIS JÉZABEL

    ET VOUS POUVEZ M’APPELER

    MADEMOISELLE JÉZABEL

    LAISSEZ-MOI VOUS CHANTER

    L’HISTOIRE D’UNE BAGATELLE

    L’HISTOIRE SANS DENTELLE

    D’UN FANTÔME EXILÉ

    SUR DES RIVES INFIDÈLES

     

    INVITÉE A BORD DU CARROUSEL

    JE VIVAIS DES JOURS CHANCEUX

    AU DÉBUT LES INSTANTS HEUREUX

    ÉTAIENT NOYÉS DE DÉCIBELS

     

    ON ME DISAIT LA PLUS BELLE

    COMME C’ÉTAIT MERVEILLEUX

    VIVANT LES YEUX DANS LES YEUX

    TOUT ME SEMBLAIT IRRÉEL

     

    JE RÉPONDAIS AUX INVITATIONS

    IGNORANT LES AVERSIONS

    J’AVAIS TOUTES LES FAVEURS

    J’Y CROYAIS EN TOUTE CANDEUR

     

    JE ME SUIS SOUMISE POUR PLAIRE

    DE TOUS CES REGARDS J’ÉTAIS FIÈRE

    EMPORTÉE DANS LE TOURBILLON

    CE BAL A JOUÉ MA DESTRUCTION

     

    REF

    ENCHANTÉE JE SUIS JÉZABEL

    ET VOUS POUVEZ M’APPELER

    MADEMOISELLE JÉZABEL

    LAISSEZ-MOI VOUS CHANTER

    L’HISTOIRE D’UNE BAGATELLE

    L’HISTOIRE SANS DENTELLE

    D’UN FANTÔME EXILÉ

    SUR DES RIVES INFIDÈLES

     

     

    LA JALOUSIE S’EST PRÉSENTÉE

    ELLE A FRAPPÉ SANS RELÂCHE

    ELLE A FRAPPÉ A COUP DE HACHE

    ME LAISSANT ENSANGLANTÉE

     

    ON S’EST LASSÉ ON M’A CHASSÉE

    JE  PROVOQUAIS DES RAVAGES

    ON ENVIAIT TANT MON RAMAGE

    SA BEAUTÉ ET MA LIBERTÉ

     

    ON M’A PRISE POUR UNE SORCIÈRE

    SOUFFLANT MES PRIVILÈGES

    ON M’A EXCLUE DU CORTÈGE

    ON M’A PRIVÉE DE TOUT MON AIR

     

    ABANDONNÉE GENOUX A TERRE

    ACCUSÉE DE SACRILÈGE

    JE SUIS DESCENDUE DU MANÈGE

    IL N’Y AVAIT PLUS RIEN A FAIRE

     

    REF

    DÉSOLÉE JE SUIS JÉZABEL

    ET VOUS POUVEZ M’IGNORER

    DÉSOLÉE JE SUIS JÉZABEL

    ET LAISSEZ-MOI PLEURER

    SUR CETTE BAGATELLE

    CETTE HISTOIRE SANS MIEL

    MOI FANTÔME EXILÉ 

    SUR LA RIVE DES INFIDÈLES

     

    JÉZABEL

     

     

     


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  • Vous m’avez manqué, oui j’ose le dire. Je préfère être naturelle avec vous et laisser tomber un peu ce masque qui nous emprisonne si souvent le visage, nous permettant plus ou moins de camoufler nos sentiments parce qu’il ne faut pas gêner. En même temps, je comprends qu’il faille le porter ce masque parce que sinon, vous imaginez le nombre de personnes en pleurs que l’on croiserait sur notre chemin ?! A ce propos, vous est-il déjà arrivé de pleurer en public, de pleurer dans la rue, de pleurer dans une bibliothèque ? Parce que moi oui. Je pleure souvent, facilement, je suis trop sensible et plus je vieillis et pire c’est ! Je pleure sur mes douleurs, je pleure de joie, les miennes mais aussi celles des autres. La douleur des autres peut m’envahir avec force, me submerger et je finis par me noyer dans mes larmes. Je pourrai prendre des bains de larmes, je me demande d’ailleurs si cela n’aurait pas quelques vertus pour la peau ! Un bain de larme comme un bain de lait d’ânesse. Cléopâtre avec sa mine de reine n’a qu’à bien se tenir ! J’arrive avec ma mine de sel…Les larmes sont salées juste comme il le faut, est-ce que vous avez remarqué ? Est-ce que vous avez déjà pleuré au point d’en avoir les joues trempées pendant des heures ? Est-ce que les larmes peuvent tarir ? Est-ce qu’on peut pleurer sans larme ? Je pleure en silence, je sens les larmes monter au bord de mes yeux, elles se forment en grosses gouttes et tout à coup, elle débordent, elles passent la frontière de la paupière du bas et dévalent sur les joues. Il y a toujours un œil plus productif que l’autre. Tout ça pour vous dire que nous ne sommes pas les seuls à pleurer et l’histoire que je m’en vais vous conter me tire des larmes évidement.

    A cette époque, je travaillais au Cirque TAVATAZ, je travaillais essentiellement au guichet. Je m’occupais des réservations et de la vente des billets, de la relation clientèle, enfin, vous voyez. Il m’arrivait aussi de filer un coup de main pour remplacer un absent. Certains prenaient quelques jours de congés pour visiter la famille et assister aux évènements heureux ou non. Ces événements qui nous font pleurer de joie ou de tristesse. Il arrivait aussi que l’on me sollicite pour coller des affiches mais je vous rassure, même si on a souvent voulu me coller un nez de clown et des chaussures d’une pointure qui n’existe pas, je ne me suis jamais retrouvée sur la piste devant le public. J’allais sur la piste pour ramasser les papiers éventuellement. Non, ce que j’aimais le plus, c’était seconder les soigneurs, il fallait les remplacer lorsqu’ils s’absentaient, les animaux mangent tous les jours, comme nous.

    Chez TAVATAZ, la ménagerie était très importante. Il y avait d’ailleurs une grosse polémique autour de cette ménagerie. Les défenseurs des animaux voulaient tout simplement la supprimer parce qu’ils estimaient que les animaux y étaient prisonniers. D’une certaine façon, ils n’avaient pas tort, je ne sais pas aujourd’hui ce qu’il en est de cette histoire, si TAVATAZ a été obligé de se séparer de sa ménagerie mais toujours est-il qu’à l’époque, c’était la plus belle ménagerie que l’on pouvait voir. On y trouvait des fauves bien entendu, le public est friand de ces numéros où le dompteur met sa vie entre les crocs de ces gros félins ! Des chevaux magnifiques mais aussi des chiens savants, des chats équilibristes, des oiseaux parleurs, des ours mal léchés, des singes taquins, que sais-je encore ! Quand j’y pense aujourd’hui, je pleure, je pleure sur ces pauvres animaux captifs, esclaves pour nous distraire.

    Ma préférence allait à Becky, une gentille éléphante. Je ne sais pas depuis combien temps elle était prisonnière de TAVATAZ. Oui, prisonnière, le mot n’est pas trop fort. Elle était enchaînée tout le temps qu’elle ne passait pas sur la piste ou à l’entrainement. Son dompteur était un homme dont la réputation n’était pas très flatteuse. On le disait impitoyable et grâce à ses techniques, il arrivait toujours à ses fins. Becky était totalement soumise à son bourreau dompteur. Je n’ai pas peur des mots parce qu’il s’agissait bien de cela. Il la frappait, lui piquait les pattes jusqu’à obtenir ce qu’il voulait. Les bons jours, Becky obéissait sans problème, son intelligence m’épatait et m’arrachait le cœur. Après les séances d’entrainement, je passais du temps avec elle, son dompteur n’en a jamais rien su. Elle était si seule, son isolement, sa souffrance me tiraient des larmes. Je pansais ses blessures comme je pouvais, elle saignait parfois beaucoup. Et puis elle pleurait. Ses grosses larmes toutes rondes étaient les larmes les plus grosses du monde, peut-être que celles des baleines sont immenses mais je n'aurai jamais l'occasion de le savoir. Vous savez ce que l'on dit d'un poisson qui pleure...

    Je pleurais avec Becky. Elle me regardait si intensément que j’ai fini par comprendre ce qu’elle me demandait, elle me suppliait de la détacher. Alors je l’ai fait. Oui, un jour sans réfléchir, après un entrainement particulièrement douloureux, je n’ai pas pu faire autrement. J’ai enlevé ses chaînes et Becky s’est déchaînée…

    En faisant cela, j’ai provoqué une catastrophe. Elle s’est mise à tout bousculer sur son passage, prenant soin de m’épargner. Elle est sortie de son enclos à la recherche de son dompteur, elle s’est dirigé droit vers sa caravane et elle a foncé dessus jusqu’à la renverser. Son dompteur est arrivé en courant, il hurlait des horreurs, l’insultant comme si elle allait s’arrêter là. Elle lui a fait face, s’est arrêtée un instant comme pour mieux le viser et elle a commencé à avancer vers lui. Elle lui a fait une belle démonstration de tous les jolis numéros qu’il lui avait enseignés par la torture. Elle s’est dressée sur ses pattes arrière et s’est laissée lourdement retomber sur lui. Il a hurlé de douleur. Une fois à terre, elle l’a poussé avec sa trompe, le faisant rouler comme un tronc d’arbre, il gesticulait en vain, essayant de se relever pour lui échapper. Mais il était trop tard et elle l’a achevé en le piétinant savamment…Inutile de vous dire que les minutes de Becky était comptées. Des types armés se sont mis à tirer jusqu’à ce qu’elle s’effondre. Une fois à terre, les tirs ont cessé et je me suis précipitée vers elle. Elle pleurait tellement que ses larmes commençaient à former une flaque sur le sol. J’étais bouleversée, la libérer de ses chaînes avait provoqué sa mort.

     

    J’ai été virée bien entendu et depuis je n’assiste plus à des spectacles qui utilisent les animaux, c’est le meilleur moyen de les protéger. Et je me demande souvent pourquoi on leur inflige autant de douleurs. Pourquoi ne pas les laisser tout simplement là où ils sont le mieux. Pourquoi ne pas les aimer ? Le pouvoir et la domination de l’Homme a tellement besoin de s’exprimer que tous les moyens sont bons. Les animaux sont des proies faciles et ils sont si faibles face à l’artillerie que l’Homme est capable de déployer pour les soumettre. Je vais m’arrêter là. Ma récréation aujourd’hui prend un chemin sur lequel je ne veux pas m’égarer. Parce que bien entendu, lorsque que je pense à la soumission, je pense aussi au sort des enfants, des femmes, de tous les êtres faibles que peut porter cette terre et j’en pleure !

     

    (Repose en paix Becky)


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  • Voici plusieurs jours maintenant que je n’ai pas écrit ici et pourtant j’aurai bien besoin d’une petite récréation. Parce qu’il faut que je vous dise ou redise, (je ne sais plus), que pour moi, écrire ici, c’est une récréation.

    Quand je ne suis pas là, je suis plongée dans l’écriture de mes nouvelles ou de textes de chansons, j’ai même écrit un sketch pour une comédienne. Je viens de terminer une nouvelle intitulée « Un Heureux Evènement » et une autre est en cours, elle avance très, très bien. Je suis même vraiment très contente de la tournure que prend cette histoire et qui a pour titre C. A. U.

    Je sais que certains d’entre vous voudraient en savoir plus mais j’hésite encore à publier mes nouvelles sur ce blog pour une raison peut-être bête mais qui pour le moment m’en empêche. Pourtant, ce serait bien de publier mes histoires comme des feuilletons. Je vous délivrerai chaque semaine ou au gré de mes envies un petit chapitre et chaque semaine, vous me harcèleriez pour avoir la suite le plus vite possible. Vous me procureriez un petit sentiment de puissance et rien que d’y penser, je me demande si je ne vais pas mettre ma torture à exécution ! Je ne vous garantis pas de suspenses à la Game Of Thrones, ce serait prétentieux de ma part et je manque sérieusement d’effets spéciaux. Je n’ai pas non plus de dragons à vous proposer même si les animaux sont très présents sur ce blog ! Vous avez remarquez ? Je n’ai qu’un pauvre escargot mort ou de cruels crocodiles, une petite hirondelle et un endormi. Si je me force un peu, je pourrais vous proposer deux ou trois coccinelles ou encore une armée de moustiques mais rien de comparable aux loups et autres créatures du royaume des sept couronnes. Je n’ai pas de royaume, ni même de couronne, enfin pas encore…

    Et si C. A. U. était une saga fantastique où les créatures les plus improbables vous feraient trembler et frissonner sans ménagement ? !

     

    Bon, il faut que je vous laisse, je les entends mugir, les créatures m’appellent, il faut que j’y aille…

    Les Créatures


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  • J’espère que l’attente n’a pas été trop longue et si c’est le cas, j’espère que vous me pardonnerez parce que l’histoire que je vais vous conter en vaut vraiment la peine et je vous assure qu’elle n’est pas facile à  écrire. C’est pourquoi j’ai préféré vous laisser le week-end tranquille afin de ne pas vous traumatiser et digérer tranquillement le chocolat que vous aimez tant. En effet, l’histoire que je m’apprête à vous livrer est de nature à heurter les âmes les plus sensibles. Si vous l’êtes vous-même, arrêtez immédiatement la lecture, fermez cette page et retournez à vos moutons. Et si des enfants sont près de vous, éloignez les, c’est mieux, je vous assure que c’est mieux ! Vous êtes prêts ? Sûrs ? Ok, c’est parti.

    Lorsque je vous disais que ma préférence  allait aux crocodiles, je voulais bien entendu parler de ces fameux crocodiles aux couleurs multiples et à l’aspect du plastique. C’est ainsi. Je sais que je vous déçois et beaucoup d’entre vous pensent que le chocolat est tellement plus sain ! Et vous avez raison à condition qu’il soit bon, le chocolat. Pour le crocodile dont je vous parle, il n’y a malheureusement rien à faire pour l’améliorer, on ne le trouve pas dans la nature, en tout cas, pas avec ce goût-là !

    Et voici où je veux en venir, voici ce que je me dois de vous raconter. J’ai beaucoup de mal et je traîne en essayant de noyer le poisson, en l’occurrence le croco. Les souvenirs sont parfois pénibles et pourtant il faudra bien un jour ou l’autre que je raconte cette histoire…

     

    Tout a commencé un jour d’avril, il y a plusieurs années maintenant. Je me rendais au Congo pour affaires comme on dit. Des affaires un peu louches mais cette époque est révolue pour moi alors je peux en parler. Il s’agissait de la signature d’un gros contrat, tout le monde était ravi des négociations et le séjour devait s’achever par une excursion dans le Parc National de la Salonga uniquement accessible par voie d’eau. Nous sommes partis, nous étions trois plus le guide. La rivière Lwilaka  serpentait à travers une forêt extrêmement luxuriante et abritait des animaux tous en voie de disparition. On nous a promis à mes collègues d’alors et moi-même, un beau voyage, nous allions croiser l’éléphant de forêt, le paon du Congo, le bonobo et enfin le gavial africain plus connu sous le nom de « faux crocodile ». Nous avions ri, je me souviens, en entendant ce nom. Faux crocodile...Mais à quoi pouvait-il bien ressembler ?

    La navigation était calme et tranquille, une langueur s’était installée sur l’embarcation. Nous profitions de ces heures  de calme loin du tumulte et du monde des affaires bercés par le faible courant…Et puis, tout à coup, le charme a été rompu, tout est allé très vite…Des coups de feux ont retentis, notre guide nous a crié de nous coucher sur le fond du bateau. C’étaient des braconniers, ils n’aimaient pas, visiblement, la visite des touristes que nous étions. Je me suis couchée, un de mes collègues à pousser un cri affreux, il avait été touché, dans le cou, le sang coulait en geyser…Les coups de feux ne s’arrêtaient pas. Au bout de trois ou quatre minutes, le silence régnait à nouveau. J’ai appelé et personne ne m’a répondu…Je me suis relevée et j’ai vu l’hécatombe. Ils étaient tous morts. Il m’a fallu plusieurs minutes pour réaliser que j’étais seule à présent avec trois cadavres à mes pieds. Seule ? Pas tout à fait. J’ai à peine eu le temps de reprendre mes esprits que l’embarcation était entourée de gavials, le fameux « faux crocodile ». Le sang les avait attirés. Leur odorat est extrêmement développé et je vous assure que même si leur museau est étroit, il n’en reste pas moins effrayant. Surtout dans la situation où je me trouvais. Mais que voulaient-ils ces faux crocodiles ? Ils ont commencé à grimper sur l’embarcation, je tentais de les repousser avec un pauvre bâton qui traînait là. Je tapais tant je pouvais mais ils étaient de plus en plus nombreux. C’est alors que j’ai eu cette idée. Une idée qui me glace les sangs aujourd’hui encore. J’en tremble en écrivant ces mots.

    J’ai saisi par les pieds le premier cadavre venu, je ne l’ai pas regardé, je ne voulais pas savoir de qui il s’agissait. Le guide ? M.Durand, Dupont ou Martin, mes collaborateurs ? Et je l’ai passé par-dessus bord, les crocodiles se sont battus, faisant bouillonner l’eau et manquant de renverser le bateau ! Je m’agrippais tant bien que mal et je basculais dans l’eau le deuxième cadavre. Cela les avait enfin calmés. J’avais quelques minutes de répit, j’allais pouvoir démarrer le moteur et m’évader d’ici le plus rapidement possible. Échapper à cette horreur, je ne pensais qu’à ça ! Le troisième cadavre à l’eau, le moteur en action, je filais droit devant. Les crocodiles étaient occupés à déchiqueter la chair de mes compagnons de voyage. Je naviguais dans une rivière de sang mais je m’en éloignais. Après plusieurs heures, le moteur a montré quelques signes de faiblesse pour finir par s’arrêter totalement…J’étais au milieu de nulle part, brisée corps et âme. J’ai fini par m’endormir, épuisée, terrorisée et affamée. A mon réveil, je n’étais plus seule. Une bande de braconnier avait tiré le bateau sur la berge et attendait que je me réveille. Comment ne les avais-je pas entendus ? Je suis descendue du bateau et ils m’ont invitée à m’asseoir autour d’un feu sur lequel était posée une grosse marmite. Mon estomac a fait des bonds dans mon ventre. Le sommeil ne l’avait pas apaisé bien au contraire. Et puis j’ai vu, j’ai reconnu…Des pattes, de longs museaux, des yeux jaunes et des panses pleines…

     

    Crocodile promis...Crocodile dû !

     

     

     

     


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