• LA PETITE SOURIS : Le retour

    LA PETITE SOURIS : Le retour

     

    Une semaine à peine vient de s’écouler. Une petite semaine à attendre le passage de la petite souris qui n’est jamais venue. Comme c’est dommage parce qu’elle avait bien besoin d’être consolée. Et aujourd’hui, elle a de nouveau rendez-vous chez le dentiste. Il va encore lui arracher une dent. Une belle molaire, bien saine. Toutes ses dents d’ailleurs, sont très saines, c’est ça qui est rageant. Mais on doit tout de même les arracher parce que les infections se logent dessous. Comme c’est vicieux mais surtout rusé ! Parce qu’on ne peut pas s’en rendre compte tout de suite, ce n’est pas évident à comprendre. Elle avait beau se plaindre, dire qu’elle avait mal, on lui répondait souvent :

    -       « Mais non Madame, tout va bien, vous n’avez rien aux dents ! »

    Alors, elle s’est tue, elle a arrêté de se plaindre et elle est même allée jusqu’à penser qu’elle devait être folle, que ses douleurs, qui étaient souvent insupportables, à se taper la tête contre les murs, étaient le fruit de son imagination. Et elle s’en est posée des questions, pourquoi ces douleurs imaginaires, qu’est-ce que cela pouvait bien signifier…elle n’a pas trouvé de réponses, jamais. Alors elle a pris ses douleurs, les a bien rangées dans un coin, refermé le couvercle et elle a attendu que ça passe. Mais ce n’est jamais passé. Et pour cause : ses douleurs étaient bien réelles, elles l’ont toujours été. De ça au moins, aujourd'hui, elle était sûre. Mais l’infection profitant de cette confusion a grignoté gentiment l’os de la mâchoire, s’attaquant même aux sinus tant et si bien qu’aujourd’hui, le seul moyen d’enrayer le phénomène, c’est d’arracher les dents, même si elles sont en bonne santé.

    Tandis qu’elle se tenait confortablement dans le fauteuil du dentiste, bouche grande ouverte, se faisant copieusement piquer les gencives et le palais d’anesthésiques, elle pensait encore à la petite souris. Parce que le dentiste, à la fin de l’opération, lui donnera sa pauvre dent si jolie, si brillante. Il la déposera dans un joli petit coffre, rouge, cette fois-ci, en lui disant :

           -       « J’espère qu’elle passera  parce qu’on peut dire que vous en avez bien besoin ! »

     

    Elle a passé sa langue pour sentir la dent qui n’y était plus, elle n’a pas pleuré, elle était trop fatiguée pour ça. Par contre, elle a éclaté de rire, tellement fort que la compresse qui obstruait sa bouche a été éjectée, accompagnée d’une pluie de salive et de sang. Elle a pensé qu’au stade où elle en était, ce n’était pas d’une petite souris dont elle avait besoin mais d’un gros rat !


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